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LES SAISONS. 133

communauté étoient les ressorts, & dont on voit une foibie image au Paraguay.

Si je parle à un Mexicain, il me dira que tout est à-peu-près égal entre le gouvernement des Empereurs & des Vice-Rois; que ses ancêtres étoient tyrannisés par les Prêtres de Villiputzi, qu’il l'est lui par son Evêque, des Moines & son Curé.

Si je m’adresse à un habitant de la presqu’isle de Panama; au lieu de me répondre, il versera des larmes en se rappellant le bonheur des anciens Tlascalteques, & en me montrant ses fers.

Si je veux m’éclaircir dans quelqu’une des Antilles, & si j’y cherche quelque rejetton de cette race si douce, si bienfaisante & si heureuse qui habitoit ces isles; je n'en trouve plus: les restes de cette race ont été mis en pièces sur les étaux des Bouchers, pour servir de nourriture aux chiens de leurs Conquérants.

Si je passe des Antilles dans l'Amérique Septentrionale, j’y trouve quelques Peuplades de Sauvages, que nos guerres & nos eaux-de-vie détruisent de jour en jour: je quitte ce continent, où nous empoisonnons ceux que nous n’avons pu vaincre ou corrompre.

Je fais voile pour la côte d’Afrique, & je la parcours depuis les Canaries jusau’au Cap de Bonne-Espérance; à la faveur du Zaïre, du Sénégal, de la Gambra, j’entre dans l'intérieur de ce beau pays, je trouve par-tout la guerre; je vois les plus doux des hommes, & qui n’ont rien à se dispûter dans une contrée