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O Dieu, par qui je suis, je sens, j’aime & je pense,
Reçois l’hommage pur de ma reconnoissance ;
Que nos voix, notre encens, s’élèvent jusqu’à toi,
Qu’ils volent de la terre au trône de son roi.
Du vuide, du cahos, des ténèbres profondes,
Tu fis sortir le jour, l’harmonie & les mondes,
Et quand ta main puissante eut placé dans les cieux
Les globes éclairés, les soleils radieux,
Aux êtres animés tu donnas l’existence,
Pour épancher sur eux ta vaste bienfaisance :
Tu répandis la vie & la fécondité
Sur les mondes errants dans ton immensité,
Ta main sur leur surface étendit les campagnes,
Creusa le sein des eaux, éleva les montagnes,
Suspendit les vapeurs, fit murmurer les vents,
Séma les végétaux, & les êtres vivants.
Le tems suivi des jours, des saisons, des années
Ramena tes faveurs, l’une à l’autre enchaînées ;
Tu nous donnas la terre, & l’ordre d’en jouïr ;
Tu nous donnas des sens, un cœur & le plaisir,
Et l’aimable vertu, cette intrépide amie,
Le guide, le soutien, le charme de la vie.
Grand Dieu, c’est dans ces champs embellis par tes mains
Que ta voix paternelle appelle les humains ;
Ta bonté s’y déploye avec magnificence,
C’est-là que l’abondance amène l’abondance.
J’ai vécu, jeune encor, dans ces champs fortunés,
Là j’ai vu les vrais biens qui nous sont destinés ;
Et philosophe heureux, homme content de l’être,
Je viens de ses présents rendre grace à mon maître.