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Elle sentait une certaine odeur.
Bien devinez, sous cet habit trompeur,
La ridicule et charmante encolure
Du gentil Moine ; à quelques ampleurs près,
L’habit fort bien ajustait ses attraits ;
On ne laissa que ce moule effroyable,
Que l’on eut pris, sans trop exagérer,
Pour les étuis des deux fesses du Diable.
Nice tremblait seulement d’y penser,
Se rappelant la façade étonnante,
Grosseur, rondeur, couleur et profondeur
De l’instrument dont le susdit malheur
Avait rendu la gaine ainsi vacante.
Le Chevalier ne perdait point au troc ;
Il admirait sa Nice sous le froc :
Ces grands yeux bleus où feu d’amour pétille,
Étincelans dessous ce voile obscur,
Comme l’étoile au milieu de l’azur,
Et cet endroit où la noire mandille
S’arrondissait sur sa gorge gentille,
Et cette croix qui de son cou pendait,
Et qu’aurait même adoré Mahomet,
Et ces deux mains petites et d’ivoire,
Sortant au bout de large manche noire ;
Onc on ne vit Moine si gentelet.
Ah ! si le Christ eut pris telle faconde,
S’écriait-il, pour paraitre en ce monde ;
Son cu divin n’eut pas été fessé,
Et ses bourreaux l’auraient plutôt baisé.
Jà le trio dans la plaine s’avance.
Fort gentiment Nicete l’Aumônier
Allait trottant sur son baudet altier,
Qui, Dieu merci, sentait la différence ;
Aussi sa voix en sons plus doucereux,
Allait flattant les échos de ces lieux.
D’abord il crut avoir changé de maître,
Tant le Monsieur se sentait soulagé ;
Mais en voyant accoutrement de Prêtre,