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Organt chez lui, Nicette à son balais.
Je veux avoir une gente maîtresse :
Je n’entends point par gente une déesse ;
Car je l’irai quérir parmi les champs.
Je veux qu’elle ait une taille gentille,
Un cœur ouvert, qu’elle ait toujours quinze ans,
Qu’elle soit douce, et que son œil pétille ;
Je lui voudrais un petit souris fin,
Sans hardiesse, un petit air malin ;
Auprès de moi sur-tout qu’elle rougisse,
Et qu’elle soit enfin telle que Nice.
De son côté, sait-on ce que faisait
Jean l’écuyer ? L’hôtesse il caressait.
Elle était veuve, et veuve inconsolable.
Antoine soupe, et Nice le servait.
Aiguillonné par le vin et la table,
Il la trouvait encore plus aimable ;
De temps en temps tetons il lui prenait,
Et de baisers les mets assaisonnait.
Dans une tendre et pétillante orgie,
Oh ! qu’il est doux de presser tour à tour
Contre son sein sa bouteille et sa mie,
Ivre à la fois et de vin et d’amour !
Les deux amans, sans scrupule et sans gêne,
S’abandonnaient à leurs brùlans désirs,
Et s’enivraient de vin et de plaisirs.
Déjà la nuit, sur son trône d’ébène,
Allait atteindre au milieu de son cours ;
Cette heure-là, c’est l’heure des amours,
Dit Arouet. Sous le marbre et les chaumes,
En ce moment, tous les hommes sont hommes ;
Le Pâtre alors est souvent plus heureux
Entre les bras de sa brune Climène,
Qu’un Roi ne l’est dans les bras d’une Reine ;
Et sous l’abri de son palais pompeux,
Souvent il tient des fesses surannées,
Presse un teton et des cuisses tannées,
Et bien souvent caresse même un cu,