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Parle souvent mieux que l’oracle même.
Cela posé, fillettes là-dessus
Très rarement ont les esprits obtus.
Ce n’est le tout ; notre Aumônier sans grâce,
Avec fureur un doux baiser voulait ;
Mais le poil dur de sa lubrique face,
De ce tendron les lèvres n’alléchait.
Nicette crie : Au secours, on m’égorge ;
Et frétillant comme anguille dans l’eau,
Elle s’arrache aux tenailles de George,
Qui vers sa bouche affilait son museau.
Dans le jardin, George poursuit Nicette.
Soudainement deux robustes valets
Chacun armés de vigueur et de fouets,
D’un bras nerveux vous empoignent la bête ;
On vous lui met dans la gueule un bâillon ;
On vous l’étend sur l’herbe de son long,
Et nos deux gars défroquent son derrière.
Nice accourut, et frappa la première
Étourdiment : mais ayant aperçu
Le globe affreux de cet énorme cu,
Cette vallée infernale, profonde,
Et qu’ombrageait une forêt immonde,
Ce cuir tané, ce croupion monstrueux,
Comme n’en eut ni le fier Poliphème,
Ni le Mimas armé contre les Cieux,
Nice tremblante, et le visage blême,
Recule un pas, puis en avance deux.
Mais chaque gars, et ferme et vigoureux,
Ayant saisi l’instrument de vengeance,
D’un bras terrible, harmonieusement,
Sur ce derrière infatigable, immense,
Avec sang froid fait tomber la cadence.
Champagne vint, sa voix contrefaisant ;
Il exhorta le Moine à patience.
« Mon frère cher, disoit-il saintement,
« En Jésus-Christ mettez votre espérance ;
« Pour nous tirer des griffes du Démon,