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CHANT V

ARGUMENT

Comment George fut fessé ; comment Nice fut baisée ; comment l’Ange gardien fut berné.


Vous avez vu la fraîche Jardinière
Quittant les bras de son joufflu Colin,
En jupon blanc sortir de sa chaumière,
Et vers Paris trotter de grand matin.
De même l’aube, aimable avant-courrière,
De l’univers entr’ouvroit la barrière.
L’aube naquit, dit un grave Romain,
D’Endymion, et de Diane la lune ;
Elle apportait au Ciel chaque matin
Le lait nouveau des troupeaux de Neptune.
Or, un beau jour, Jupiter l’attendit
Vers l’Orient : en chantant elle arrive.
Jupin courut ; l’adroite fugitive
Fit un faux pas, son urne répandit,
Et la blancheur est toujours demeurée
En cet endroit de la voûte azurée.
Antoine Organt, et George, et l’écuyer,
Étaient alors en train de cheminer,
Et les Zéphyrs, et l’aube moitié née,
Tout annonçait une belle journée.
À l’Orient le Ciel éblouissait,
Soit que ce jour la laitière immortelle
Eût essuyé quelque encombre nouvelle,
Et répandu le divin pot au lait,
Soit qu’il fit beau simplement en effet.
On arriva dans une hôtellerie,
Où l’on dina ; la table fut servie
Sans grand apprêt, mais pourtant proprement.
Nice servait, non point élégamment
Et de cet air plein de mignarderie,
À dire vrai ; mais Nice possédait