Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ciel ! que de sang lavera sa faiblesse !
L’injure faite au cocu Ménélas,
Coûta moins cher aux bandits de la Grèce.
Que de Héros menace le trépas !
Que de Beautés, dans les cités de France
S’en vont pleurer une éternelle absence !
Ne pleurez point, et faites des soldats !
On entendait de loin dans l’atmosphère
Ithuriel amenant le tonnerre.
Le Satanas, faisant réflexion
Qu’il lui faudrait, malgré lui, tout à l’heure
Évacuer la céleste Sion,
Et qu’au surplus cette haute demeure
S’accordait mal avec le grand dessein
De perdre Charle et de cacher Turpin,
Abandonna sa coupable entreprise,
En emportant la clef du paradis,
Que le Malin, par finesse depuis.
Mit à l’encan, et vendit à l’Église.
Icelle mit à l’Olympe un Portier,
Lequel Portier sa peine fit payer.
Il repoussa durement de l’entrée
Toute vertu qui n’était point dorée.
On acheta par pieds cubes le Ciel ;
L’or remplaça la gràce sur l’autel ;
On acheta, l’on vendit les miracles,
Et l’avarice inspira des oracles.
Le Dieu d’amour, le Dieu de pauvreté,
Au poids de l’or vendit la charité :
Il s’enrichit, et la chèvre Amalthée
Vint habiter l’étable de Judée.
Heureux encore, on nous laissa le bien,
Et de pécher, et nous damner pour rien !
Laissons l’Église, et le Ciel, et le Diable,
Pour quelque temps ; car je crains d’ennuyer
Mon cher Lecteur, et je veux l’égayer
Par quelque objet moins grand, mais plus aimable.
Amour, perché sur le tendre Sornit,