Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/499

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne faut pas diviser ses amis », dit Lycurgue. D’ailleurs, cette administration n’a point de rapports étrangers, elle n’influe en rien sur le reste de la République ; et si vous croyez que ceux qui gouvernent les peuples ont aussi leur morale, leurs droits limités, des règles de justice qu’ils ne peuvent enfreindre, vous convenez naturellement que les citoyens d’une même ville ne doivent éprouver l’action du pouvoir suprême que lorsque, dans leur administration privée, ils se sont écartés des lois.

Ainsi, pour qu’une ville puisse se régir, il lui faut un centre d’harmonie ; ce centre ne peut être hors d’elle-même ; car, comme je l’ai dit, il n’y a plus alors de liberté, et le peuple est trop assujetti.

Dans une grande République, où l’action du gouvernement est pleine de force par l’étendue de ses rapports, quel serait l’assujettissement des villes ainsi partagées ? On me dira que le même inconvénient existe pour les campagnes ; mais je réponds qu’on ne peut opprimer un peuple, si on ne l’opprime tout à la fois, et que les grands rassemblements de population garantissent beaucoup les campagnes. Les villes ne menacent pas plus les cabanes que les montagnes ne menacent les vallées, qu’elles garantissent du tonnerre.

Je réfléchis si l’administration municipale peut être légitimement divisée, car vous ne pouvez point légitimement ce qui est injuste. Elle forme un conseil naturel : ce conseil n’est plus, si les citoyens n’ont point un intérêt commun et ne sont point administrés en commun.

C’est pourquoi j’aurais désiré qu’à la dénomination de municipalité, vide de sens dans la République, on substituât celle de conseil de communauté. Cette dénomination seule avertit les citoyens que ce conseil n’a point d’attribution hors de leurs relations privées ; l’expression de municipalité n’a pas un sens précis chez nous.

Je me résume : on a voulu diviser Paris pour tranquilliser le gouvernement, et je pense qu’il faut un gouvernement équitable pour tranquilliser toute la France, et réunir toutes les volontés à la loi. comme les étincelles de