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tation ; si la représentation nationale est une et recensée en commun, chaque département, ou chaque subdivision de département, sera marqué par les suffrages donnés pour le choix des magistrats, et jamais la division ne devra être rapportée à l’autorité.

Ordinairement, lorsqu’on parle de l’administration ou du tribunal de tel ou tel département, on se représente telle ou telle partie du peuple soumise aux autorités ; cela était bon autrefois parmi les esclaves, mais aujourd’hui, dans la République, les citoyens d’un département et leurs suffrages doivent y tenir le premier rang.

Les administrations de département doivent être supprimées pour y affaiblir le goût de l’indépendance. Si on les divisait trop, on multiplierait les juridictions ; elles seraient trop faibles à leur tour, et le gouvernement serait lent et pénible.

C’est pourquoi il me semble que chaque département, divisé en trois arrondissements, offre le milieu le plus sage entre la violence et l’inertie des administrations.

Je pense donc que la population doit être divisée en communes de six à huit cents votants.

Tels sont les principes de la division du peuple dans la République. Vous avez un grand intérêt à rechercher soigneusement tout ce qui constitue la liberté. Vous avez promis une Constitution libre au peuple français ; vous annoncez la République au monde ; votre ouvrage périrait bientôt, si les fondements n’en étaient point solides.

Ah ! puisse un jour l’Europe, éclairée par votre exemple et par vos lois, être jalouse de notre liberté, autant qu’elle en fut ennemie ! Puisse-t-elle se repentir d’avoir outragé la nature, en répandant le sang d’un peuple qui fut le bienfaiteur de l’humanité !

Mais si, pour avoir négligé les principes de la liberté, votre édifice s’écroule, les droits de l’homme sont perdus, et vous devenez la fable du monde.

L’Assemblée constituante a vu périr la moitié de sa gloire avec son ouvrage, parce que cet ouvrage fut contre nature. Le vôtre peut périr aussi, si notre République