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reste de la nation et d’en séparer son territoire, le souverain interviendrait alors pour maintenir l’intégrité du domaine, et la République, par la Constitution, serait vraiment indivisible.

Mais si chaque département s’entend d’une portion du territoire, la souveraineté en est demeurée à la portion du peuple qui l’habite, et le droit de cité du peuple en corps n’étant point consacré, la République peut être renversée par le moindre choc.

C’est en vertu de ce droit de cité du peuple en corps que le reste de la République marche aujourd’hui dans la Vendée, et que le souverain maintient son domaine contre l’usurpation et l’indépendance d’une portion de lui-même.

Tout autre lien entre les membres d’une même société est oppressif ; si ce n’est point le souverain qui maintient le domaine, alors une illusion terrible est laissée au gouvernement ; car, si la garantie de l’indivisibilité du domaine lui est confiée, le gouvernement est le souverain lui-même ; le peuple n’est rien, la République est un songe.

Je regarde donc la division des départements comme une division de quatre-vingt-cinq tribus dans la population, et non comme une division du territoire en quatre-vingt-cinq parties.

La Constitution doit être dépositaire de ces principes. Cette première division du peuple garantit l’indivisibilité du territoire, et repousse déjà le fédéralisme ; mais vous déciderez, un jour, si l’unité de la République et du souverain ne dépend point essentiellement de l’unité des suffrages. Cette idée n’appartient point à ce qui fait l’objet de la discussion présente ; je la rappelle seulement.

Une République, une et indivisible, est dans la nature même de la liberté, et ne peut durer qu’un moment, si elle repose sur une convention fragile entre les hommes.

Dans la monarchie, les mesures du territoire sont marquées essentiellement par des autorités' ; dans la République, la division n’appartient qu’aux suffrages.

Ainsi, si la représentation nationale est confédérée parmi nous, chaque département sera marqué par sa représen-