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Le pur amour de la patrie est le fondement de la liberté. Il n’y a point de liberté chez un peuple où l’éclat de la fortune entre pour quelque chose dans le service de l’État. C’est pourquoi le passage du plan de votre comité, où il accorde un écu de haute paie par mois aux volontaires qui serviront plus d’une campagne, ne m’a point paru digne de la fierté d’un soldat.

Un jour, quand la présomption de la monarchie sera perdue, les rangs militaires ne seront point distingués par la solde, mais par l’honneur. Les rangs sont une chose imaginaire. L’homme en place est étranger au souverain. Celui qui n’est rien est plus qu’un ministre.

On ne fait une République qu’à force de frugalité et de vertu. Qu’y a-t-il de commun entre la gloire et la fortune ?

J’appuie donc le plan de votre comité ; si l’on objecte la difficulté d’une prompte exécution, je réponds que les gens du métier demandent le temps d’une revue pour l’opérer.

J’aurais désiré que, dans le même esprit de sagesse et de politique, votre comité vous eût proposé des vues sur les recrutements des armées. Je voudrais, en outre, qu’un général en chef ne put être élu que par la Convention. Je demande que le plan du comité soit mis aux voix, avec cet amendement, que l’exécution en sera suspendue dans les armées trop près de l’ennemi.