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conquièrent la liberté pour les peuples, il n’est point juste que vous vous épuisiez pour ces peuples ; ils doivent soulager notre trésor public ; et dès lors nous avons moins de dépenses à faire pour entretenir nos armées. Enfin je pose ce principe que le seul moyen de rétablir la confiance et la circulation des denrées, c’est de diminuer la quantité du papier en émission, et d’être avare d’en créer d’autre. Les dettes de l’État seront acquittées sans péril par ce moyen ; vous attacherez tous les créanciers à la fortune de la république ; le paiement de la dette n’altérera point la circulation naturelle ; au lieu que si vous payez par anticipation, le commerce sera tout à coup noyé, et vous préparerez la famine et la perte de la liberté par l’imprudence de l’administration.

Voilà ce que j’avais à dire sur l’économie. Vous voyez que le peuple n’est point coupable ; mais la marche du gouvernement n’est point sage. Il résulte de là une infinité de mauvais effets que tout le monde s’impute ; de les divisions, qui corrompent la source des lois, en séduisant la sagesse de ceux qui les font ; et cependant on meurt de faim, la liberté périt, et les tendres espérances de la nature s’évanouissent. Citoyens, j’ose vous le dire, tous les abus vivront tant que le roi vivra ; nous ne serons jamais d’accord, nous nous ferons la guerre. La république ne se concilie point avec des faiblesses faisons tout pour que la haine des rois passe dans le sang du peuple ; tous les yeux se tourneront alors vers la patrie.

Tout se réduit, pour l’instant, à faire en sorte que la quantité du papier n’augmente point, que le laboureur vende ses grains, ou que le gouvernement ait des greniers pour les temps les plus malheureux, et que les charges du trésor public diminuent.

Je vous propose les vues suivantes, dont je demande le renvoi aux Comités des finances et d’agriculture réunis.

1° Que les biens des émigrés soient vendus, que les annuités soient converties en contrats, qui serviront à rembourser la dette.

2° Que l’impôt foncier soit payé en nature, et versé dans