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Ceux qui prétendaient régner par la force ont péri sous vos yeux, ou sont vos prisonniers ; et parmi les plus redoutables factions, les législatures marchaient en triomphe, armées de l’amitié du peuple, comme vous, le mot n’y fait rien. Législateurs ! la force ne soutiendra pas plutôt les ministres de la liberté que ceux des tyrans.

S’il est dans Paris une faction qui prétende arriver à l’usurpation par l’amertume du peuple, elle se réjouira de la loi que vous voulez porter ; et si quelqu’un prétend user de cette force pour s’accréditer, il se trompe : on a détruit, avec les rois, tout système de violence, qui n’est qu’une autre royauté, et le peuple, accoutumé à vaincre, n’est point las de résister.

Vous ne voulez point régner, sans doute ; vous n’avez point une existence politique ou de force, cette force appartient à vos lois, et non point à vous ; la force est dans le magistrat, et non point dans le législateur.

Voilà le langage que tiendront contre vous ceux dont les milices auront accrédité les plaintes. Craignez le désespoir et la jalousie des factions ; craignez qu’elles ne tentent de rétablir un trône qu’elles préféreraient à tout autre tyrannie que la leur ; et parmi les objets de votre prévoyance, comptez pour quelque chose le fardeau d’un traitre à punir. En effet, vous voulez vous armer contre les conspirations, et votre politique laisse une famille criminelle remuer de sa prison la pitié des uns, le ressentiment des autres, et la colère du peuple, excitée par vos ennemis : les grands revers et les grands coupables intéressent les petites âmes ! Ne vous laissez point trop aller à ce retour à la justice et à la nature, qui suit la chute des tyrans, à ces saillies qui s’éteignent bientôt la vertu épouse le crime dans les temps d’anarchie, et c’est là que la corruption fait une pause, étonnée de ses propres résultats ayez le courage d’entendre ces choses ; elles sont moins funestes que votre sommeil ; j’ajoute à cela que la force venue des parties de l’empire apportera le tribut de beaucoup de faiblesse ; le crime cherchera partout des libérateurs……

Je crois avoir prouvé que le dessein de votre commission