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deux personnes dans l’État. L’ordre ne résulte plus de la corrélation des mouvements de la personne unique, mais de l’impulsion de la force qui commande.

Le rapporteur ajoute : Les représentants appartiennent à la nation ; donc la nation doit être appelée à les honorer de sa vigilance.

Si le peuple lui-même était appelé à cette vigilance, je dirais que cela est raisonnable, et que le peuple doit assurer votre liberté ; car vous êtes sa providence, et rien ne doit altérer votre sagesse dans le calcul de ses destins : mais loin d’appeler autour de vous l’égide du peuple, vous l’écartez lui-même par un corps particulier, qui perd son analogie avec lui, aussitôt qu’il est un corps particulier. La même chose vous arriverait à vous-mêmes ; vous seriez distincts du peuple au milieu d’une milice, et vous ne le pouvez pas sans dénaturer votre identité avec lui. Pour que le peuple veille autour de vous, il faut qu’il y veille lui-même ; car que le peuple concentre sa volonté dans sa Convention, cela se conçoit ; la volonté de tous s’explique par leur intérêt : mais qu’on parle de concentrer dans un corps militaire le principe d’identité du peuple avec vous, c’est ce qui me présente le germe déjà naissant d’une puissance personnelle, au milieu d’un peuple qui ne veut point être dominé, mais qui veut composer sa liberté de l’obéissance de chacun à l’harmonie individuelle et homogène du corps entier.

Si votre commission avait été chargée de parler contre la force armée qu’elle vous propose, elle n’aurait point changé de langage.

Je n’oppose point à son projet l’exemple des gardes prétoriennes. Il s’agit ici d’un corps de législateurs, qui ne prétend rien usurper par les armes, à moins qu’on ne veuille dire que ceux qui penchent pour ce décret ne prétendent, à l’abri de l’insurrection, marcher à un centumvirat.

Mais le rapporteur ajoute, pour écarter l’idée de vivre simplement sous le régime hospitalier de la police de Paris, que la garde formée de ses habitants, soumise à la