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république : il étaie son argument principal d’une foule d’idées accessoires et d’observations profondes sur la situation actuelle de la France. Dans les prochains numéros, nous ferons connaître ce discours, qui a valu à l’auteur des applaudissements moins vifs que mérités. » L’orthographe singulière du nom de Saint-Just, dans ce bref compte-rendu, montre que, pour la plupart, ce nom était encore inconnu. Le discours ne fut pas reproduit dans les numéros suivants, mais imprimé sous la forme d’une brochure in-8o de 14 pages, et répandu sous ce titre : Société des amis de la liberté et de légalité, séante aux ci-devant Jacobins Saint-Honoré, à Paris. — Discours sur la proposition d’entourer la Convention nationale d’une Garde armée, prise dans les 83 départemens ; prononcé, en substance, à la tribune de la Société, le lundi 22 octobre 1792, an Ier de la République françoise ; par le citoyen Louis-Léon Saint-Just, député à la Convention nationale. À la dernière page de la brochure, on lit cette mention : La société, dans sa séance du 24, a arrêté l’impression de ce discours, et l’envoi à toutes les sociétés qui lui sont affiliées. Suivent les noms des membres du bureau : Danton, président. Lafaye, vice-président. Bentabole, député ; Lepeletier, député ; Lefort ; Moenne ; Simonne, secrétaires.


Si l’institution d’une force nationale, autour de nous, est née d’un esprit de domination, je licencie ma part de cette force, et la renvoie au peuple, pour l’armer lui-même contre ses oppresseurs. Si cette institution est une mesure contre le désordre et l’anarchie, le remède à ces maux tient à d’autres idées que celles de la force. Enfin, si les auteurs de ce projet l’ont regardé comme un principe de rectitude dans le corps politique, ils se trompent encore. Un grand peuple qui, trois fois, en trois ans, a changé de constitution et d’esprit, qui lutte contre sa propre agitation et l’insuffisance de ses lois ; ce grand peuple doit être gouverné par des moyens plus doux. Ralliez tous les hommes autour de la patrie ; rappelez la paix, et calmez la licence, en intéressant l’honneur et l’orgueil public au maintien de tous les droits.

Citoyens, si votre dessein, en songeant à vous environner de milices, était de rendre le calme à l’Empire, je vous