Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


X

LETTRE À DAUBIGNY


Daubigny était un ami et un compatriote de Saint-Just. C’est grâce à la protection de ce dernier qu’il entra, en 1793, dans les bureaux du ministère de la guerre, ou il devint secrétaire de Bouchotte, et qu’il fut nommé successivement juge au Tribunal révolutionnaire et officier municipal. Accusé de vol, devant la Convention, puis devant le Tribunal révolutionnaire, il fut défendu par Saint-Just et par Robespierre, et acquitté. En 1792, Daubigny était installé à Paris, rue Montpensier. La lettre que Saint-Just lui écrivit, en juillet 1792, ne lui parvint peut-être jamais, car elle fut retrouvée, après le 9 thermidor, dans les papiers de Saint-Just, ce qui laisse supposer qu’elle ne fut pas envoyée à son destinataire. Elle révèle chez Saint-Just, à ce moment, une sorte de fièvre et de colère haletante, qu’on ne peut expliquer que par le désappointement qu’il avait éprouvé de ne pouvoir être élu à l’Assemblée législative, en raison de son trop jeune âge.

Tombée entre les mains de Courtois après le 9 thermidor, cette lettre ne fut pas publiée dans les pièces justificatives du rapport du 16 nivôse. Plus tard, en 1828, le texte en fut donné dans le recueil des Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois (tome II, p. 254 sq.). L’original de la lettre, après avoir passé en diverses mains, faisait partie, récemment encore, de la collection de M. Meyer Cohn, à Berlin, et fut mis en vente, avec cette collection, en octobre 1905.


Je vous prie, mon cher ami, de venir à la fête ; je vous en conjure ; mais ne vous oubliez pas toutefois dans votre municipalité. J’ai proclamé ici le destin que je vous prédis :