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vous voir, quelles seront les suites de la maladie de ma sœur. Il me tarde de l’avoir vue pour me rassurer. Égayez votre jeune mariée, et, surtout, veillez à ce qu’elle n’éprouve aucun chagrin domestique de la nature de ceux qu’elle n’oserait point vous confier. L’idée que j’ai conçue de votre famille me fait croire qu’ils aimeront tendrement cette nouvelle sœur et cette nouvelle fille. Rendez-la souveraine après vous, mais souveraine débonnaire ; c’est ainsi que je l’entends. Vous êtes fait pour lui tenir lieu de tout au monde ; mais l’amour ne console point l’amour-propre, et l’amour-propre d’une femme, vous le connaissez. Elle vous rendra heureux, je l’espère, et j’en suis convaincu. Je n’épouserais point ses torts à votre égard : vous m’êtes également chers l’un et l’autre, et, dans toutes les circonstances, je vous montrerai le cœur d’un frère et d’un bon ami.

Adieu. Embrassez votre chère épousée, embrassez-la même de temps en temps pour moi, afin qu’elle se souvienne que je l’aime, et qu’elle vous le rende.

Je suis votre frère et votre serviteur.

Saint-Just.


À Blérancourt, ce 9 décembre 1791.


P. S. — Je vous prie de présenter mon respect à madame Hannotier et à M. le curé, et à votre famille que j’aime comme la mienne.

On vous embrasse ici, et l’on se porte bien.