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IX

LETTRE À ADRIEN BAYARD


La plus jeune des deux sœurs de Saint-Just. Marie-Françoise-Victoire de Saint-Just, avait épousé, le 21 novembre 1791, Adrien Bayard, notaire et juge de paix du canton de Chaulnes (Somme). Quelques jours après ce mariage, Saint-Just écrivait à son beau-frère la lettre suivante :


J’ignorais, mon cher frère, que l’indisposition de notre sœur eût eu des suites ; maman nous avait dit l’avoir laissée tout à fait de retour à la santé. Prenez garde que les eaux et l’air cru de vos montagnes ne soient la cause de son mal. Je vous conseille de lui faire prendre beaucoup de lait et de ne lui point faire boire d’eau.

Je ne puis vous promettre précisément quand je pourrai aller vous voir ; je suis accablé d’affaires, et voici des jours bien humides et bien courts. Cependant, d’ici à Noël, j’aurai le plaisir de vous embrasser tous les deux.

Si vous vous aperceviez que l’air incommodât votre femme, envoyez-nous-la quelque temps ; elle ne doute point de l’amitié tendre avec laquelle elle sera toujours reçue de nous. J’espère que son mariage ne nous aura point séparés, et que nous n’oublierons, ni les uns ni les autres, les sentiments qui nous doivent unir. Écrivez-nous, l’un et l’autre, de temps en temps, et surtout ne nous laissez point ignorer, d’ici au moment où je partirai pour aller