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ŒUVRES COMPLÈTES DE SAINT-JUST

M. Dupey, et y demeura jusqu’à l’époque des États-Généraux. Le 14 juillet 1789, en démolissant la Bastille, mit un terme à ses embarras. » En réalité, tout, dans ce récit, est d’une invraisemblance manifeste : il paraît certain, au contraire, qu’Organt fit peu de bruit, si peu même que, trois ans plus tard, en 1792, quand Saint-Just fut élu à la Convention, l’éditeur put remettre en vente ce qui restait de la première édition, sous ce nouveau titre : Mes Passe-Temps, ou le Nouvel Organt, par un député à la Convention Nationale. Saint-Just d’ailleurs n’avait eu aucune part à cette réapparition d’Organt. Cette œuvre légère ne paraît point avoir été, à ses yeux, autre chose qu’un divertissement passager, et la brève préface dont il la fit précéder ne révèle qu’un mépris hautain pour son propre ouvrage. Organt, en effet, serait à jamais oublié s’il ne servait aujourd’hui à éclairer et à préciser un moment curieux de l’évolution morale de Saint-Just. Camille Desmoulins était, plus que Barère, dans la vérité, quand il racontait, dans la Lettre à Arthur Dillon, l’insuccès d’Organt : « Ce qu’il y a d’assommant pour sa vanité, c’est qu’il (Saint-Just) avait publié, il y a quelques années, un poème épique en vingt-quatre chants, intitulé Organt. Or, Rivarol et Champcenetz, au microscope de qui il n’y a pas un seul vers, pas un hémistiche en France qui ait échappé et qui n’ait fait coucher son auteur sur l’Almanach des Grands-Hommes, avaient eu beau aller à la découverte ; eux qui avaient trouvé sous les herbes jusqu’au plus petit ciron en littérature, n’avaient point vu le poème épique en vingt-quatre chants de Saint-Just. » D’ailleurs, ni Barère ni Camille Desmoulins eux-mêmes ne semblent avoir bien connu Organt : l’un y trouvait huit chants, l’autre vingt-quatre.

En réalité, Organt n’a ni huit ni vingt-quatre chants, mais vingt. C’est une sorte d’épopée plaisante, dans le goût du temps, pleine d’allusions à des personnages contemporains, souvent dénuée d’intérêt, mais dont certains passages révèlent déjà un talent réel et vivant.


Préface.

J’ai vingt ans ; j’ai mal fait ; je pourrai faire mieux.