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Le commerce a suivi toutes les révolutions dans le monde. L’Afrique après la ruine de Carthage perdit sa liberté, ses mœurs, avec son négoce ; l’Asie perdit sa splendeur quand Rome et les ports d’Italie devinrent sa métropole. Ces parties du monde ont langui depuis, parce qu’elles ont négligé leurs comptoirs et leurs vais­seaux.

Il y eut même une époque où le commerce fut mort presque par toute la terre, ce fut depuis la décadence de l’Empire jusqu’à la découverte du Nouveau Monde. Il n’y avait plus de métropole ; ce fut la cause du despotisme qui couvrit la terre entière.

L’Europe, par la nature de son climat, doit conserver plus longtemps sa constitution et son négoce ; je dis sa constitution, car l’Europe n’est qu’un peuple ; le même commerce a produit les mêmes périls, les mêmes intérêts ; si jamais elle vient à perdre ses colonies, elle sera la plus malheureuse des contrées, parce qu’elle aura conservé son avarice. S’il se trouve alors en Europe un peuple libre et dont la morale ne soit point le commerce, il aura bientôt subjugué tous les autres.

La fortune générale est donc liée aux rapports des différents peuples avec les colonies, et aux rapports de ces différentes puissances entre elles ; la marine embrasse tous ces rapports, elle rend l’Europe redoutable au Nouveau Monde et redoutable à elle-même.

Plus le génie de la constitution est contraire au luxe, plus il est dangereux de commercer ; mais si les denrées superflues sont chargées d’impôts, le luxe vient au secours de l’agriculture, le commerce n’est plus relatif qu’au droit des gens et devient économique.

L’État aura cet avantage qu’il enrichira ses colonies, sa marine, son commer­ce, son Trésor, et n’appauvrira que les vices avec mesure.

CHAPITRE VII.

DES TRAITÉS

Quand elles étaient à la porte de toutes les villes du royaume, le peuple français était, par rapport au fisc, ce