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prévit que la vente des domaines publics serait malaisée par les frayeurs des capitalistes et la rareté du numéraire ; elle rassura les uns par la force des lois et remplaça l’autre par une spéculation habile ; la nation encore épouvantée répugna d’abord, la morale entraîna tout.

CHAPITRE XXII.

DES ASSIGNATS

M. Clavière a très sagement pensé sur cette monnaie ; il n’est point de mon sujet de traiter de cette matière dans tous ses rapports civils, parce qu’ils sont une émanation des principes de la constitution.

Établissez chez un peuple la vertu publique, faites en sorte que cette nation se fie à ses lois parce qu’elle sera sûre de sa liberté, mettez partout une morale à la place des préjugés habituels, et faites ensuite des monnaies de cuir ou de papier, elles seront plus solides que l’or.

M. Necker fut ingrat envers la France, quand, par des résultats sophistiques, il sapa la magnifique spéculation des domaines nationaux ; tous les coups frappaient sur la morale, et cet extravagant voulait que la vertu française fût le métal.

Il parlait dans le temps de liberté comme sous les rois, et c’est une preuve dont je ne reviendrai jamais que cet homme n’avait ni génie ni vertu.

On peut dire à la justification de Law qu’il ne fut qu’imprudent ; il ne s’avisa point de réfléchir qu’il supposait de la morale à un peuple de fripons qui n’avaient pas de lois ; si la dépravation du gouverne­ment n’eut confondu le système de Law, ce système eût amené la liberté.

CHAPITRE XXIII.

DES PRINCIPES DES TRIBUTS ET DES IMPÔTS

Les tributs, comme je l’ai dit, ne doivent servir que de base à la représentation et à l’activité, c’est-à-dire qu’ils sont une loi fondamentale de la constitution ; les impôts