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tiré l’impôt. Ce n’est jamais le courage qui manque au paysan, ce sont des bras ; laissez-lui ses enfants dont vous faisiez de mauvais soldats ; laissez-lui les bons habitants des campagnes masqués en valets ; qu’il puisse s’enrichir par lui-même et non par des traitants ; sa vertu engrais­sera bientôt ses sillons, et vous ne verrez plus de pauvres ; l’agriculture, devenue une source d’abondance, sera honorée comme elle mérite de l’être ; le riche propriétaire ne paraîtra plus bizarre, en labourant ses champs et en mêlant sa sueur à la sueur de ses pères ; le propriétaire malaisé, qui traîne dans les villes ion orgueilleuse misère, bêchera autour de sa chaumière, il y trouvera un asile contre les impôts, contre la nécessité du célibat, celle de se ruiner, et de mettre tout à fonds perdu.

CHAPITRE XX.

DES RENTES VIAGÈRES

Les rentes viagères sont un abus de la tyrannie, s’il est possible qu’on en abuse ; c’est là qu’il est permis de tout mettre en usage pour assouvir un luxe qui est l’honneur, et se garantir d’une pauvreté qui est l’opprobre ; là où tout est violent, là où l’on n’a point de patrie on n’y a point d’entrailles ni de prospérité, on y perd tout senti­ment de la nature, parce qu’elle y est un crime ou un être de raison, et qu’on y gouverne comme dans un monde où le désordre serait le principe et l’harmonie.

Ô liberté, liberté sacrée ! Tu serais peu de chose parmi les hommes, si tu ne les rendais qu’heureux, mais tu les rappelles à leur origine et les rends à la vertu.

CHAPITRE XXI.

DE L’ALIÉNATION DES DOMAINES PUBLICS

Si ce n’avait point été la philosophie qui eût inspiré aux communes de France le hardi dessein d’une constitution, c’eût été la nécessité. La monarchie était perdue de dettes ; il fallait faire banqueroute ou tout changer. Quand nos