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sur les mœurs de l’état civil, et entretient l’équilibre dans l’état politique des deux mondes.

CHAPITRE XVIII.

RÉFLEXION SUR LA CONTRIBUTION PATRIOTIQUE ET SUR DEUX HOMMES CÉLÈBRES

Nul n’a mieux connu la fortune et le peuple que l’impénétrable Mirabeau. Il vint à Aix comme cet ancien qui se présenta nu, la massue à la main, dans le conseil d’un roi de Macédoine ; arrivé à l’Assemblée nationale, M. de Mirabeau signala son intrépidité et justifia les plaintes qu’il avait poussées sous la tyran­nie. Cet habile homme nuisit beaucoup à M. Necker, en arrachant à l’Assemblée nationale le décret qui adopta la contribution patriotique de ce ministre ; M. Necker s’enflait trop de sa popularité ; on admira tout le bien qu’il voulait faire, on ne lui pardonna pas celui qu’il fit, il le fit mal. Ce ministre est tombé, per­sonne n’a voulu paraître savoir pourquoi, c’est que personne n’osait dire qu’il détestait son impôt.

M. de Mirabeau s’est partout conduit avec justice et pénétration ; il connut surtout l’art délicat de jouer les calomnies et de dissimuler sagement.

CHAPITRE XIX.

DES TRIBUTS ET DE L’AGRICULTURE

Le tribut sur les terres, s’il n’est point invariable et léger, et s’il cesse d’avoir pour objet la représentation déterminée par le territoire et l’activité réglée par la contribution, est une absurdité morale. Si vous chargez d’impôts l’agriculture, mère des mœurs, vous découragez le cultivateur ou le rendez avare. Ce n’est point le propriétaire qui en porte le faix, c’est le bras du laboureur et son journalier. Les baux se crient à l’enchère, et la misère se les dispute encore, comme la faim s’arrache des ossements. C’est une infamie de dire que les terres déchargées d’impôts et soumises au simple tribut seront moins bien cultivées, et que la paresse refusera à la glèbe le suc qu’en eût