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CHAPITRE XVII.

DES IMPÔTS ; QU’ILS DOIVENT ÊTRE RELATIFS AUX PRINCIPES DE LA CONSTITUTION

Le commerce seul peut aujourd’hui faire fleurir un État libre, mais le luxe l’empoisonnera bientôt ; il est donc nécessaire que les impôts pèsent sur la consommation et point sur le négoce ; alors il sera le doux fruit de la liberté au lieu qu’il était un puits au despotisme.

La liberté du commerce découle naturellement de la liberté civile ; un sage gouvernement laisse à l’homme son industrie et pressure le luxe. L’industrie est, comme je l’ai dit, la source de l’égalité politique, elle fournit au pauvre la vie, le luxe, et la contribution.

Cette manière de poser l’impôt sur les superfluités est une loi somptuaire qui s’accorde avec la morale des nouvelles maximes de la France. Elle n’a point la sévérité des lois somptuaires républicaines, ni la faiblesse des lois somptuaires de la monarchie, elle est une modification de toutes deux.

Le peuple tient tellement à la lettre des choses, qu’il payera volontiers un impôt pour ses chevaux, ses valets, ses vitres, ses équipages, au lieu qu’il payerait à regret un tribut réel.

On est avare de ce qu’on gagne, on est prodigue de ce qu’on achète, c’est que l’intérêt fait la recette et la vanité la dépense.

Les impôts doivent suivre les révolutions des denrées, augmenter et diminuer avec elles ; la raison est que si les denrées sont chères, on achète avec plus de peine, mais on achète toujours ; que si les denrées sont pour rien on consomme davantage, et on s’épuise si les denrées redeviennent hors de prix.

Si l’on voulait rendre l’impôt invariable, il faudrait ruiner les colonies ou la métropole, ou régler les vents.

L’impôt, si on veut le considérer de près, est le gouvernail du vaisseau public ; en même temps qu’il féconde le gouvernement il influe