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« Il avait beaucoup lu Tacite et Montesquieu, ces deux hommes de génie qui abrégeaient tout parce qu’ils voyaient tout. Il en avait pris le style vif, concis et épigrammatique ; il avait quelquefois la manière forte, incisive et profonde de ces deux écrivains politiques[1]. »

Pendant près d’un siècle, à travers la vicissitude des régimes, le culte des héros révolutionnaires n’a point subi d’éclipse. Ils apparaissaient aux historiens comme la plus magnifique génération d’hommes. Nourris de Montesquieu, de Rousseau, et de tout le génie des républiques anciennes, ils avaient voulu faire revivre, au milieu du monde moderne, « la vertueuse et simple antiquité »[2]. La noblesse de leur idéal et le désintéressement de leurs efforts n’avaient jamais été contestés. Mais il semble que le désordre et les bas instincts n’aient plus, aujourd’hui. laissé de place au respect des grandes pensées. Taine a ouvert l’âge des nouveaux pamphlets contre-révolutionnaires. Gonflé de colère, il s’est plu à insulter des dieux indifférents dont il n’a pu voiler la gloire. Derrière lui, le troupeau grossier des imitateurs s’est bousculé dans son sillage, ramassant les mêmes injures et répétant les mêmes mensonges. Mais rien ne prévaut contre la vérité. En vain, Courtois détruit ou dénature les documents qu’il découvre chez

  1. Barère, Mémoires, t. IV, p. 407 sq.
  2. Organt, VIII, v. 182.