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moins saint et moins révéré. Les vertus farouches font les mœurs atroces.

Les biens prodigieux que l’état monastique avait accumulés déposaient plutôt contre lui-même qu’en faveur des pieuses âmes qui les avaient fondés.

Ceux qui proposaient, dans l’Assemblée nationale, de la part du clergé, le rachat de sa première existence, ou voulaient renverser la constitution, ou ne la connaissaient pas.

CHAPITRE XXII.

DU SERMENT

Celui qu’on prête en France est le lien du contrat politique ; il est pour le peuple un acte de consentement et d’obéissance ; dans le corps législatif, le gage de la discipline ; dans le monarque, le respect de la liberté ; ainsi la religion est le principe du gouvernement ; on dira qu’elle est étrangement affaiblie parmi nous ; j’en conviens, mais je dis que la honte du parjure reste encore où la piété n’est plus, et qu’après la perte de la religion, un peuple conserve encore le respect pour soi-même, qui le ramène à elle si ses lois parviennent à rétablir ses mœurs.

CHAPITRE XXIII.

DE LA FÉDÉRATION

La première fédération de toute la France eut un caractère particulier que n’auront point les assemblées ultérieures. Quoique au premier coup d’œil elle paraisse un ressort admirable pour fortifier l’esprit public, elle était l’effet des menées de quelques hommes qui voulaient répandre leur popularité ; on ne l’ignorait pas, aussi ne l’accorda-t-on qu’avec répugnance ; elle était bonne, mais le moment n’en était pas venu ; on ne pouvait toutefois rejeter alors ce qui portait une apparence de patriotisme. L’Assemblée nationale ne vit point sans inquiétude une députation innombrable l’environner ; elle devait être formée d’esprits remuants ; les préjugés, les mécontentements,