Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée

fait pour sa liberté ; cependant il se doit bien garder d’altérer la morale ; elle est la loi fondamentale de la vertu.

La France n’a point démoli son Église, mais en a repoli les pierres. Elle a pris le pouls des passions publiques, et n’a ôté que ce qui tombait de soi-même. Les scrupules canoniques des évêques n’ont plus semblé et n’étaient vraiment que des sophismes, parce que les conventions avaient changé et qu’ils s’étayaient de formes au lieu de maximes.

On prescrivit un serment qui rendit civil le sacerdoce, mais on fit très bien de n’attacher au refus de le prêter d’autre peine que la perte du temporel ; par là le fanatique fut réduit à vivre de racines ou à trahir un cœur avare. Le ministère ecclésiastique fut électif ; s’il eut été une faveur, ce qui naissait de la flatterie eût étouffé la vérité.

Ainsi tomba cette terrible théocratie qui avait bu tant de sang. Ainsi Dieu et la vérité furent affranchis du joug de leurs prêtres.

CHAPITRE XX.

DES NOUVEAUTÉS DU CULTE CHEZ LES FRANÇAIS

Quelle que soit la vénération que mérite de nous la piété de nos pères, quelle que soit la grandeur infinie de Dieu et le mérite de son Église, la terre appartient aux bras des hommes, et les prêtres aux lois du monde, dans l’esprit de la vérité. Cette vérité descend de Dieu éternel ; elle est l’harmonie intelligente ; elle ne peut être blessée que par ce qui est mauvais en lui-même, et non par ce qui est mauvais par rapport à une volonté antérieure.

Les lois de France n’ont changé ni l’ordre, ni la mission des prêtres, ni le culte, ni la morale ; elles n’ont rien changé à l’harmonie intelligente possible, elles n’en ont changé que le mode qui concourt au même dessin.

Il en est de même de toutes les autres lois qui peuvent être abrogées quand il en résulte un bien, et quand, par la révolution des temps, elles ont cessé de concourir à l’ordre moral. Rien n’est sacré que ce qui est bon ; ce qui a cessé de l’être