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car dans des corps affaiblis par le vice, on trouve toujours des âmes dures.

Quand les hommes n’ont plus de patrie, bientôt ils deviennent scélérats ; il faut bien poursuivre, à tel prix que ce soit, le bonheur qui nous fuit ; les idées changent, on le trouve dans le crime.

Ô législateurs ! donnez-nous des lois qui nous forcent à les aimer ; l’indifférence pour la patrie et l’amour de soi-même est la source de tout mal ; l’indifférence pour soi-même et l’amour de la patrie est la source de tout bien.

CHAPITRE XIII.

DES SPECTACLES

Les Grecs ont été les plus savants hommes du monde dans cet art ; il fut chez eux l’enfant de la liberté, et ne fut souffert à Rome qu’après la perte des mœurs ; les proconsuls, les généraux arrivaient chargés des dépouilles du monde. La liberté romaine était noyée d’or et de délices.

Les riches de la Grèce dissipaient aussi leur opulence en jeux, en spectacles ; la loi qui les y forçait était bonne pour cette aristocratie, elle l’empêchait de troubler l’État ; mais les spectacles inouïs, en formant les arts, détruisirent les lois : on sait quel fut le sort d’Athènes.

La France, dont l’État est tout autre que celui des Grecs, doit être un jour la plus commerçante ou la plus molle des nations.

Elle a des spectacles comme les autres peuples de ce continent ; mais ils influent très peu sur le caractère public ; on y porte l’ennui, on en emporte le dégoût ; la liberté des théâtres fera disparaître les chefs-d’œuvre anciens.

CHAPITRE XIV.

DU DUEL

Le duel n’est point un préjugé, mais une manière ; celui-là est un vice de la constitution, celle-ci un vice de l’esprit public. Les préjugés naissaient de la corruption d’