Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/324

Cette page n’a pas encore été corrigée

ce n’est point assez ; il faudrait encore que ce fût avec honneur. Il est vrai que le flegme des hommes de ce climat, un farouche penchant à l’amour, une certaine hauteur qui leur fait brusquer les devoirs sont, plus que la vertu, la raison de ces usages. Quel qu’en soit le principe, il est favorable à la liberté ; il venge la nature, comme la loi des Crétois ramène le naturel, en permettant l’insurrection et la licence.

CHAPITRE VIII.

DU DIVORCE

Rome avait une coutume indigne de sa vertu ; c’était la répudiation ; elle présente à l’esprit quelque chose de plus révoltant que le divorce même. Celui-ci res­semble à une volonté unanime, celle-là est la volonté d’un seul. Il est vrai que les cas de répudiation étaient déterminés, et que ces lois, par la force du caractère public, retournaient à l’avantage des mœurs ; mais de pareilles institutions auraient bientôt perverti ces nations qui regorgent de libertinage.

Quel pouvait être le sentiment de ceux qui voulaient admettre en France le divorce, ou quelle était leur illusion ? On n’en a plus parlé. La séparation est pareille­ment une infamie qui souille la dignité du contrat social : “ Que répondrai-je à tes enfants quand ils me demanderont où est leur mère ? ” Plus les mœurs privées sont dissolues, plus il est important que de bonnes et humaines lois se roidissent contre leur dérèglement. La vertu ne doit rien céder aux hommes en particulier.

Il n’est point de prétexte qui puisse cacher le parjure des époux qui s’abandonnent ; au temps des vœux religieux, il était établi que Dieu même ne pouvait altérer ce nœud sacré, et les époux ne se pouvaient arracher du pied des autels ; leur caractère est indélébile comme celui de frère et de sœur, dit Théophylacte ; quelles que soient les religions et les croyances, le serment d’être uni est Dieu même ; le juif ou le musulman qui se convertit ne peut