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CHAPITRE VI.

DE L’ÉDUCATION

La France n’a pas encore porté de lois sur l’éducation au moment où j’écris ; mais sans doute on les verra sortir du tronc des droits de l’homme. Je n’ai donc qu’un mot à dire : l’éducation en France doit enseigner la modestie, la politique et la guerre.

CHAPITRE VII.

DE LA JEUNESSE ET DE L’AMOUR

Les grands législateurs se sont distingués surtout par la hardiesse de leurs institutions à l’égard de la pudeur : à Dieu ne plaise que je veuille établir la gymnastique parmi nous. Le culte sévère que professe aujourd’hui l’Europe ne permet plus l’usage de ces lois : seulement je regrette qu’elles nous paraissent si étranges, et que nous ne soyons délicats que parce que nous sommes corrompus.

L’antiquité fut pleine d’institutions qui ressemblent à des vertiges, mais qui attestent son aimable simplicité.

La pudeur n’a commencé à rougir qu’après que le cœur se fut rendu coupable et que les gouvernements ont été affaiblis : les femmes ne sont nulle part plus modestes et plus bouillantes que dans les États tyranniques. Combien était plus touchante l’ingénuité des vierges grecques ! Toutes les vertus antiques sont devenues des égards parmi nous, et nous sommes des ingrats policés.

L’éducation moderne polit les mœurs des filles et les use ; elle les embellit et les rend dissimulées ; et comme elle n’étouffe point la nature, mais la déprave seulement, elle devient un vice et ne fait que se cacher ; de là les tristes inclinations qui pervertissent les mœurs et les mariages imprudents qui tourmentent les lois.

La France doit envier à un peuple voisin cet heureux tempérament qui fait qu’on s’y mésallie sans honte ; mais