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chercha pour s’ensevelir avec elle sous les débris de la monarchie ; il ne trouva déjà plus que des esclaves ; toutefois la vanité fit encore des héros ; sous le règne suivant on rétablit la noblesse dans les emplois, mais il n’était plus temps, elle était corrompue. Le peuple fut jaloux, il méprisa ceux qui le commandaient, le malheur lui tint lieu de vertu ; nous voici au temps où la révolution a éclaté.

La monarchie, n’ayant plus de noblesse, est populaire.

CHAPITRE IX

DES PRINCIPES DE LA MONARCHIE

Peut-être était-ce un paradoxe en politique qu’une monarchie sans honneurs, et un trône qui, sans être électif comme en Moscovie, ni disponible comme au Maroc, fût une magistrature héréditaire plus auguste que l’empire même.

J’ai dit que la monarchie était sans honneurs parce que le monarque n’en est plus la source, mais le peuple, dispensateur des emplois ; elle a toutefois une vertu relative qui sort de la jalousie et de la vigilance dont elle-même est le motif et l’objet.

Je parle de l’esprit fondamental de la monarchie ; elle paraîtra toujours populaire, quel que soit son penchant vers la tyrannie, comme le peuple se trouvera zélé pour la monarchie, quel que soit l’amour de la liberté.

La monarchie n’aura point de sujets, elle appellera le peuple ses enfants, parce que l’opinion aura rendu le despotisme ridicule, mais elle n’aura pas plus d’enfants que de sujets, le peuple sera libre.

Son caractère sera la bienveillance, parce qu’elle aura la liberté à ménager, l’égalité à reconnaître, la justice à rendre.

Elle observera des lois avec une espèce de religion pour n’avoir point à se départir de sa volonté, ou pour réprimer celle de tous autres ; elle sera compatissante quand elle essayera la tyrannie, sévère quand elle sou­tiendra la liberté.

Le peuple la chérira parce que son cœur s’endormira à la mollesse, et ses yeux à la magnificence ; cependant son