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et beau, qui transforme le monde par la seul puissance de sa volonté ?

Il voit tout, il sait tout, il ordonne tout. Son activité ne connaît ni hésitation, ni fatigue. En même temps qu’il réorganise les armées, il dirige de loin les travaux du gouvernement[1] ; et si, au milieu de l’agitation des armes, il lui reste quelques instants de repos, il trace sur des feuilles éparses les premiers fragments de ses Institutions républicaines.

Ces institutions, c’est vers elles que va toute sa pensée, toute sa sollicitude. Il est effrayé du nombre toujours croissant des lois, qui ne remplacent point les Institutions. Peu de lois, beaucoup d’institutions telle est la base de l’État qu’il rêve. « Plus il y a d’institutions, dit-il, plus le peuple est libre[2]. » Et, le jour même de sa chute, ce qu’il voulait demander à la Convention, comme le remède absolu aux divisions intérieures, c’était la rédaction incessante de ces institutions « d’où résultent les garanties ». Il a écrit, dans ses fragments, une phrase qui montre quelle confiance il avait placée dans les institutions « C’est pourquoi l’homme qui a sincèrement réfléchi sur les causes de la décadence des empires, s’est convaincu que leur solidité n’est point dans leurs défenseurs, toujours enviés, toujours

  1. V. plus loin, t. II, la lettre de Saint-Just à Robespierre du 24 frimaire an II.
  2. Fragments d’Institutions républicaines, III.