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l’inflexible probité n’exigent pas le sacrifice de leur liberté ou de leur vie. » — Et il réussit à vous sauver.

« Autant il était liant et sociable dans les affaires privées, autant il était quelquefois irascible, sévère et inexorable quand il s’agissait de la patrie. Alors il devenait un lion, n’écoutant plus rien, brisant toutes les digues, foulant aux pieds toutes les considérations ; et son austérité imprimait la crainte à ses amis et lui donnait un air sombre et farouche, et des manières despotiques et terribles, qui le forçaient ensuite à réfléchir lui-même avec effroi sur les immenses dangers de l’exercice du pouvoir absolu, quand il est confié à des hommes dont la tête n’est pas aussi bien organisée que le cœur est pur…

« Tel était l’homme qui, à peine âgé de vingt-sept ans, a été nioissonné par une révolution à laquelle il avait consacré son existence, et qui a laissé de longs regrets à la patrie et à l’amitié[1]. »

Ces pages de Gatteaux montrent quel enthousiasme, quelle foi, Saint-Just avait su faire naître dans l’âme de ses amis. Entouré de tels dévouements, comment eût-il douté de l’amitié ? Comment n’en eut-il point fait le ressort le plus puissant du monde

  1. Ces pages ont été publiées en tête de la première édition des Fragmens d’Institutions républicaines (1800), sous le titre : Note relative à Saint-Just, extraite des papiers du citoyen ***.