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de la justice, le procureur fiscal, le sergent, les fermiers des hallages et de la terre. Bernard Pottier ne se trompa que d’un seul homme, car il en fallait dix pour légitimer sa délibération. Toutefois, dans l’espèce, la commune entière devait stipuler.

Bernard Pottier eut assez de pudeur pour ne point présenter cet échange à l’homologation, formalité omise qui le frappa de nullité. La communauté de Blérancourt ne prétend point expatrier l’orgueil de ses vieux seigneurs et reprendre en nature les terres enfermées dans l’enceinte de leur château, seulement elle réclame les avantages que les lois lui garantissent en matière d’échange avec les seigneurs.

Le mardi 22 novembre 1660, il fut jugé au Parlement, sur les conclusions de l’avocat général Talon, que le seigneur d’Eggly, qui voulait faire un échange avec les habitants. leur abandonnait trois fois autant d’héritages de pareille valeur qu’il leur en prenait. Cet arrêt est rapporté par Dufresne.

Les habitants de Blérancourt ne sont pas moins autorisés que ceux d’Eggly à répéter 8 arpents de terre pour les 2 arpents 62 verges que l’on a usurpés sur eux.

Ce ne sont point les droits avares d’un individu que je fais ici parler, ce sont les droits inviolables et imprescriptibles de la société, ce sont les droits de l’agriculture, conséquemment de la patrie. Les 3 arpents que la communauté reçut en échange des mains de Bernard Pottier ne sont point même de la valeur des 2 arpents 62 verges qu’il s’appropria.

Mais comme, par une espèce de droit commun, dans ce temps-là, le fort se jouait du faible, comme ce n’était point encore assez que Bernard Pottier eùt morcelé cette portion de communaux la plus fertile et la plus précieuse, depuis huit ans ou environ le propriétaire de Blérancourt a dévasté la portion qu’il avait plu à Bernard Pottier de lui laisser et a coupé dessus environ pour 3 à 4.000 francs de pieds d’arbres qui appartenaient à la communauté.

Suivons maintenant les déclarations.