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Mais, je dois le dire, il ne parlait qu’avec enthousiasme des talens et de l’austérité de Robespierre, et il lui rendait une espèce de culte.

« Il soupirait après le terme de la Révolution pour se livrer à ses méditations ordinaires, contempler la nature, et jouir du repos de la vie privée dans un asile champètre, avec une personne que le ciel semblait lui avoir destinée pour compagne, et dont il s’était plu lui-même à former l’esprit et le cœur, loin des regards empoisonnés des habitans des villes.

« C’est une atroce calomnie de l’avoir supposé méchant. La vengeance ni la haine n’ont jamais entré dans son âme. J’en appelle à vous, citoyens de Blérancourt, sous les yeux desquels son génie et ses vertus se sont développés. Il en est parmi vous dont les liaisons, les habitudes et les passions avaient corrompu les opinions politiques, et qui avez outragé, calomnié, persécuté Saint-Just, parce qu’il marchait dans une route contraire à celle où vous étiez jetés.

« Cependant, après qu’il fut devenu membre du gouvernement, quand vous vous êtes vus traduits au tribunal révolutionnaire pour des faits ou des discours inciviques, vous n’avez pas craint d’invoquer son témoignage ; et, par ses soins et ses efforts, vous êtes rentrés dans vos foyers, et vous avez joui des embrassemens de vos proches qui n’espéraient plus vous revoir. — « Ils ont été mes ennemis, disait-il en parlant de vous ; je leur dois tout mon zèle et mon appui, pourvu que l’intérèt public ou