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aux soldats, de l’activité et de la prudence aux généraux, de l’humanité et de l’égalité à tous ceux qui l’approchaient.

« Tyran de ses propres passions, il les avait toutes subjuguées pour ne connaître que l’amour de la patrie. Il était doux par caractère, généreux, sensible, humain, reconnaissant. Les femmes, les enfans, les vieillards, les infirmes, les soldats avaient son respect et son affection ; et ces sentimens battaient si fort dans son cœur, qu’il était toujours attendri à la vue de ces objets si intéressans par eux-mêmes.

« Que de larmes je lui ai vu répandre sur la violence du gouvernement révolutionnaire et sur la prolongation d’un régime affreux, qu’il n’aspirait qu’à tempérer par des institutions douces, bienfaisantes et républicaines ! Mais il sentait qu’il fallait détendre et non pas briser les cordes de l’arc. Il voulait régénérer les mœurs publiques, et rendre tous les cours à la vertu et à la nature.

« Il était pénétré de la corruption des hommes, et voulait en détruire le germe par une éducation sévère et des institutions fortes. — « Aujourd’hui, me disait-il, on ne peut proposer une loi rigoureuse et salutaire, que l’intrigue, le crime, la fureur ne s’en emparent et ne s’en fassent un instrument de mort, au gré des caprices et des passions. »

« J’ai été témoin de son indignation à la lecture de la loi du 22 prairial, dans le jardin du quartier-général de Marchiennes, au pont devant Charleroy.