Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Soutient d’un bras Hélène évanouie,
Frappe de l’autre, et s’ouvre vers le camp.
Dans la mêlée, un passage sanglant.
Hirem au centre, environné de gloire,
Presse les Francs et suspend la victoire.
À l’aile droite on voit Antoine Organt
Voler par-tout comme un feu dévorant.
D’un coup mourant il atteint Arimbade,
Et lui fait faire une brusque saccade.
Sur son cheval richement écaillé,
Du contrecoup rudement ébranlé.
Avec fureur il enfonce, il renverse
Les ennemis que la terreur disperse.
Sur une croix, à cheval dans les airs,
Le Diable en rut, échappé des Enfers,
Examinait, du cintre d’une nue,
De ce combat quelle serait l’issue.
Mon saint paillard d’Archevêque Turpin
Devait bientôt s’ouvrir à repentance,
Et réparer des Gaulois le destin.
Le Diable fin, et plein de prévoyance,
Devinait bien quel cas il aviendrait,
Si repentant le saint paillard était.
Mathieu Paris va bientôt nous apprendre
Ce qui faisait qu’il craignait telle esclandre.
Guise, Sornit, de Blois, Paul Enguerrand,
De leur désert arrivés récemment.
Audacieux, parcourent la mêlée,
Et de fuyards inondent la vallée.
Les farfadets, peuple ennemi de Dieu,
Torches en main et revêtus de feu,
De leur haleine échauffent le carnage
Et sur des chars parcourent le rivage.
Parragaron, fier et bouillant Alain,
Avec fureur combattait près d’Hirem.
Ce Roi reçut sur sa tête chenue
Un trait lancé d’une main inconnue,
Qui l’étendit sur la poudre expirant.