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L’Ange n’osait trop épurer le cas.
Il attacha ses deux ailes de cygne
Au dos rogneux de ce baudet condigne
Qu’avait Nicette, et lequel, en passant.
Jouera bientôt un rôle intéressant.
Antoine Organt près de son Ange monte
Dans le chariot, qui, d’une course prompie,
Derrière lui voit fuir mainte cité.
Nice voulut fendre l’air sur son âne ;
En voltigeant, la naïve Beauté
Vient effleurer un baiser de côté,
Et l’Écuyer sur le saint cheval plane.
Déjà Paris, du haut des airs, semblait
Un tourbillon des enfants du sud-ouest.
On voit bientôt de nombreuses cohortes
De Chevaliers qui s’écoulent des portes,
Et l’on découvre assiégeans, assiégés,
Prêts au signal, dans la plaine rangés.
Antoine Organt brandit son allumelle,
De l’autre bras dresse son bouclier.
Où l’on voyait le portrait de sa Belle,
Et dans l’ardeur de son courage altier,
Jure les cieux, jure sa damoiselle,
De terminer ce combat meurtrier
Par le trépas du dernier Infidèle.
En ce moment, l’Ange le retint ; car,
Impétueux, il s’élançait du char.
Nice le baise, et pleurant sur son âne,
Va se porter sur le haut d’une tour.
Ainsi l’oiseau sur le faite d’un plâne,
Se tient tapis à l’aspect de l’autour.
De tout côté règne un calme farouche,
Et la Terreur vole, un doigt sur la bouche.
Érâtre, Hélène, Hydamant, Vitikin
Suivent les rangs, une pique à la main.
Notre Empereur, courant sur sa chimère,
Ouvre les yeux, et dit : Que faut-il faire ?
Mais tout à coup l’intervalle effrayant