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À Charenton ressuscitait Arbelles.
Les champs étaient couverts de Chevaliers ;
L’on élevait des tours et des béliers ;
Sur des chariots on enlève les chênes,
Aieux sacrés des amours de Vincennes.
Où les Bourgeois, dans un temps plus serein,
Venaient baiser la femme du voisin.
Les ormes verts sous la hache frémissent.
Les vallons creux de leur chute gémissent.
Les Chefs poudreux haranguent le Soldat.
En lui vantant le profit du combat.
En lui parlant des Dieux, de la vengeance,
Du vin, de l’or, et des tetons de France.
De leur côté. l’on voit les assiégés
Sur les remparts en bataille rangés.
Zéphyre fait ondoyer les panaches,
Et l’on entend gringoter les rondaches.
Le mouvement de ce vaste appareil
Étincelant aux rayons du soleil,
Semble une mer et tranquille et perfide,
Qui, dans les plis de son frissonnement,
Roule les feux de l’Olympe liquide,
Et dans ses flots dissout le firmament.
Le son aigu des instrumens de guerre.
Les palefrois, les évolutions,
Des ennemis les barbares chansons,
Les sabres longs, les béliers, la poussière,
Les Fantassins, les Sapeurs, les Housards ;
Tout annonçait et la Sottise et Mars.
Du haut des tours on voit les Infidèles,
Armés de dards, de piques, et d’échelles,
Coiffés de fer et l’écu sur le dos,
Devers les murs se porter à grands flots.
Quand les Gaulois se virent à portée,
Le bras nerveux sur son arc étendu,
De traits sifflans chasse une nue ailée ;
Les ennemis présentent leur écu,
Serrent les rangs, marchent avec audace,