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« Pour Dieu, dit l’Ange à son filleul Antoine,
« Vous passez là votre temps comme un Moine,
« À rire, à boire, vous ne pensez pas
« Que le pays est couvert de soldats.
« Laissez ce verre, et prenez-moi ces armes ;
« Votre pays a besoin de Gendarmes,
« De bras zélés, de nobles défenseurs,
« De Franes enfin, et non pas de buveurs. »


CHANT XX

ARGUMENT

Des préparatifs du Siège de Paris ; d’un assaut livré par les Infidèles, et de l’étrange destinée du saint Archevêque Turpin.


Oh ! qu’Arouet a montré de génie,
En célébrant dans son ouvrage pie
Un âne dur, un âne vigoureux !
Moyen c’était d’intéresser les Belles.
Homère ennuie avec ses demi-Dieux,
Et Briséis eut peut-être aimé mieux
Cet âne fier, aux deux brillantes ailes,
Ou le baudet qui Nicette suivit,
Que ce Héros qui les Troyens occit.
D’autres pourront, dans une autre Énéide,
Ressusciter l’Ausonie et l’Aulide ;
Mais j’aime mieux mon Héros gris vêtu,
Que ces Héros boursouflés de vertu.
J’eusse mieux fait de chanter et de boire,
Que vous conter ces funestes revers,
Et vous mener, ivres comme Grégoire,
Au Ciel, au Diable, à la Lune, aux Enfers.
Mais puisqu’enfin j’en ai fait la folie,
Jusques au bout suivons cette saillie.
Le Roi de Saxe et celui des Alains
Bloquaient Paris, ses tendrons, et ses Saints ;
Une forêt de lances infidèles,