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Me le paierez ; j’en jure Saint-Thomas.
Ne pleurez point, eh ! ne vous en veux pas.
Nice tremblait, ainsi qu’une fauvette
Près du vautour : bref, il la fit asseoir ;
Les contes bleus amenèrent le soir.
Le penaillon, ivre du tendre espoir
De chalumer sa vengeance complète,
Sentait la chair et des yeux dévorait
Le doux tendron qui les regards baissait.
L’heure arriva ; le Moine anthropophage
Pressait à cru la naïve Beauté,
Qui larmoyait de son air emporté,
Et reculait, par un faible courage,
Une odieuse et triste volupté.
Le cu de George en l’air déjà s’élève,
Et le vilain mange la pomme d’Ève.
Nice tremblait à ses durs mouvemens,
Et ripostait par des gémissemens.
Mais, par bonheur, le Moine était un âne :
Vous m’entendez, et Nice n’était Jeanne.
Le goupillon, bien qu’il fut d’un sorcier,
Ne put jamais entrer au bénitier.
Le Moine, las de sa rude monture,
Glacé de rage, et brûlant de luxure,
Baisse le pont, résolu de nouveau
Le lendemain à battre le château,
Et pour rêver sa victoire future,
Il s’endormit. Mais Nice qui veillait,
Vers le minuit l’entendant qui ronflait,
Prend le grimoire, et de ses yeux de fille,
Ouvre ce livre où tout l’enfer était.
Voilà soudain la maison qui fourmille
D’Esprits impurs. L’un se présente, et dit :
Que voulez-vous ? Nice lui répondit :
Le cher amant que ma tendresse pleure,
Et qu’en ce lieu l’ameniez tout à l’heure ;
Puis, si pouviez, que vous ôtiez d’ici
Ce déloyal, qui me fait grand souci !