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De temps en temps jetait quelque soupir;
Ses bras en croix, étendus sur le sable,
Rendaient ce signe encor plus adorable.
Un doux souris découvrait quatre dents,
Qui partageaient ses deux lèvres de rose.
Mais que fait Nice en ces tristes instans?
Nice pleurait (car que faire autre chose?)
Et se cachait à l'abri d'un vieux pin.
Dans la forêt nos Dames s'arrêtèrent.
Cherchant des yeux le jeune Chérubin;
Au petit pas elles se rapprochèrent,
Montrant le nez, enrageant, de bon cœur.
Que le vilain méconnût son bonheur.
Nos Chevaliers, après leur aventure.
Baisent Agnès, reprennent leur armure,
Piquent des deux, croyant leurs Dames voir
Sens sus dessous avec l'animal noir.
L'on pense bien quelle fut leur surprise.
Aurait-on cru qu'un Moine eût lâché prise?
On l'aperçut, on courut, on le prit,
Et sur son âne en triomphe on le mit.
Il se présente un cabaret, on entre.
Près du foyer, un Moine à large ventre
Buvait lui seul; Nicette, en le voyant,
Reconnaît George, et baisse, en rougissant,
Son capuchon. On raconte l'histoire,
On rit, on chante, on fait venir des brocs,
Et le vin blanc s'évapore en bons mots.
Notre Aumônier rit dans sa barbe noire.
Se promettant, avant la fin du jour,
Qu'il bernerait les plaisans à son tour.
Il fit si bien, par un trait de grimoire,
Que ces Messieurs se mettent en courroux
Sortent en plaine, et s'entr'occisent tous.
George étonné considérait Nicette.
Mais, par Saint-Jean, ce vêtement est mien,
Ce lui dit-il, et me rappelle bien
Notre aventure. Oh! la belle fillette,