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« En cet endroit qui nous chassait du Ciel.
« Jésus donnait des bénédictions
« À ses soldats, et leur criait : « Voyons,
« Chassons d’ici cette race hérétique
« Qui, dans Juda, nous a tant fait la nique ;
« Chassez ces gueux à ma Bible rétifs,
« Sus, mes amis, mes compagnons, mes Juifs,
« Mes Élus chers, mes Lépreux, mes Apôtres,
« Qui ne saviez même vos patenôtres,
« Quand de ma main je remplis vos filets,
« Auprès du lac nommé Génésarets ;
« Car c’est exprès que ma bonté paterne
« Vous a choisis pour boire mon nectar.
« Pour savourer de mes Moines le lard,
« Et pour frotter ce Jupin qui me berne.
« Judith, branlant le sabre d’Holopherne,
« Attaque Mars, et son bras féminin,
« D’un vaillant coup l’atteignit vers le rein.
« Mars se retourne ; à cet affront sensible,
« Il vous tira son braquemart horrible,
« Le fit briller aux regards de Judith,
« Qui, le voyant, jura le nom du Christ ;
« Et toutefois cette Belle éperdue
« En eut le cœur moins blessé que la vue.
« Mars ne rendait que son coup seulement ;
« Judith criait : Impudique brigand,
« Que n’ai-je pu t’en donner quatre cent !
« Mars lui répond : Eh bien, moi, je calcule
« Que je les ai reçus ; je vous les rend.
« Il les rendit en effet sur-le-champ,
« Et de franc jeu, sans faire pause nulle.
« Un coup de foudre ébranla l’Univers,
« Trois Dieux en un parurent dans les airs ;
« Nos bataillons, terrassés par la foudre,
« Roulent meurtris avec le ciel en poudre.
«: Notre rival, jaloux de régner seul,
« Dans les Enfers envoya son filleul ;
« Il y plaça des monstres effroyables,