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Qui s’avançait sous une voûte noire.
Il entendait mugir le souterrain,
Et vit bientôt le palais de Vulcain.
Par des fourneaux la caverne éclairée,
Lui laisse voir, autour du Dieu cocu.
Des géans noirs, dont la face grillée
N’avait qu’un ceil, et paraissait un cu.
Leurs bras nerveux sur l’enclume brûlante,
Avec chaleur une massue ardente
Précipitaient, et tout le mont Etna
Retentissait de ce beau concert-là.
Le Dieu cornu, déridant sa figure.
Au Chevalier présenta son armure ;
Il y chercha quelqu’emblème flatteur
De ses hauts faits et preuves de valeur ;
Mais n’y trouva que le portrait de Nice.
Des Dieux c’était un prudent artifice
Pour le toucher et le faire rougir ;
Mais le Héros, enivré de plaisir.
Avec transport fixe cette peinture,
Baise son sein et sa bouche, et lui jure
De triompher désormais à ses yeux ;
Cela revint au même pour les Dieux.
Antoine Organt savait son catéchisme.
« Vulcain, dit-il, vous, Dieu du Paganisme,
« Par quel hasard vous retrouvé-je ici ?
« Tout l’Univers vous croit anéanti. »
« Vulcain repart : « Jadis un Dieu fait homme
« Chassa nos Dieux du Panthéon de Rome ;
« Je ne sais point ce que sont devenus
« Jupin, Minerve, et toutes les Vertus.
« Il se livra des batailles terribles :
« Le ciel profond, comme autant de mimas,
« En éprouva des secousses horribles,
« Et fut heureux de ne s’écrouler pas.
« On vit long-temps balancer la fortune ;
« De son trident le furieux Neptune
« Frappa trois fois le fatal Gabriel