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« Dus au bonheur, à Nicette, aux Amours ?
« Mes yeux peut-être, en ce séjour immonde,
« Ne verront plus la lumière du monde.
« Adieu Nicette, adieu projet brillant
« De vivre heureux, ou du moins triomphant.
« Nul ennemi qui rompe ici la lance !
« Holà ! morbleu, vive Nice et la France ! »
Comme il parlait, il entendit soudain
Dans la caverne un tonnerre lointain.
Mais un moment je quitte la Sicile,
Alinde encor m’appelle dans son isle.
Pour s’égayer, il faut changer de ton ;
J’aime Chaulieu lorsque j’ai lu Platon.
J’avais promis de conter par la suite
Comment ce bord, par le Ciel oublié,
Devint bientôt le plus aimable site.
Sornit en âne ayant été mué
Par un Frocard qui viola sa Belle,
Ce Négromant, appelé Serricon,
Dans ce désert fit emmener icelle,
En employant l’adresse du Démon.
L’enfant aîlé fut dérober la foudre,
Et du Frocard mit le châtel en poudre.
Le Négromant, chassé de son logis.
Vint retrouver Alinde en ce pays.
Il la trouva qui dormait sur le sable.
Elle dormait, et sa bouche adorable
Sur son corail appelait le baiser.
Son cœur qui bat, invite à le presser.
Des pleurs pareils à des perles tremblantes,
Embellissaient ses paupières mourantes,
D’autres roulaient sur ses tetons flétris.
De sa beauté plus vivement épris,
Le Négromant invoque le Ténare,
Pour enchanter ce rivage barbare,
Et préparer, à son réveil déçu,
D’un lieu riant l’appareil inconnu.
Le pied poudreux, il fait le tour de l’isle,