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CHANT XVII

ARGUMENT

Comment Antoine Organt s’achemina vers la caverne de Vulcain ; tristes réflexions qu’il fait dans un souterrain ; voyage du Lecteur dans l’île enchantée d’Adelinde ; retour du Lecteur au mont Etna, et d’un récit étonnant de Vulcain à Antoine Organt.


L’Ange partit, et son triste filleul
Sur le rivage était demeuré seul.
Il s’avançait ; dans la nue embrasée,
Du mont Etna les flammes voltigeaient,
Et d’un bruit sourd ces bords retentissaient.
Un tel spectacle élève sa pensée ;
Il croit déjà triompher dans Paris,
Et de carnage inonder ses glacis.
Sous des rechers, dont la cime azurée
Semble servir de base au firmament,
De la caverne il découvre l’entrée.
Le cœur ému d’un saint frémissement,
Il contemplait ces roches chancelantes,
Du mont Etna les entrailles brûlantes ;
Debris pompeux où siège la Terreur :
Sur un abîme on la voit égarée,
En mesurant sa noire profondeur
De farfadets, de spectres entourée.
Près d’elle on voit les Songes voltigeans.
Toutes les nuits la Terreur les disperse,
Pour effrayer le sommeil des tyrans,
Par des bûchers, par des coûteaux sanglans,
Et ranimer le vautour qui les perce.
Dans le sommeil, elle rend aux ingrats
Le sentiment d’une amitié trahie,
Et le tableau du bienfait qui s’oublie.
Antoine Organt avançait à grands pas
Sous une voûte à la nuit condamnée.
« Ah ! disait-il, quelle est ma destinée !
« C’est donc ainsi que je passe des jours