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« Pleure, s’excuse, et l’embrasse, et la rate.
« Depuis ce temps, pendant le long du jour,
« Il vous la baise et rosse tour à tour.
« Mais de Monsieur il faut que je vous die
« Une nouvelle et plaisante saillie.
« Sire Arimbaud avec peine voyait
« Combien un nez la moustache paraît ;
« En conséquence. il voulut, par arrêt.
« Que ses vassaux de nez se départissent,
« Et sur le champ son exemple suivissent.
« Grande rumeur soudain parmi les gens.
« Si Monseigneur, se disaient-ils dolens,
« Avait perdu ce qu’entendez, compère,
« Il faudrait donc que nous allassions sans ?
« Il l’entend là d’une belle manière !
« Je ne sais pas, morbleu. ce que ferez ;
« Mais, par ma foi, l’on n’aura pas mon nez.
« Le mien non plus. Que Monseigneur demande
« Ce qu’il voudra ; mais bien de sa légende
« Il peut les nez hardiment effacer.
« Le Ciel voulut nous en favoriser.
« Et ce n’est pas, ma foi, pour qu’on les rende.
« Un autre : À quoi Monseigneur pense-t-il ?
« Veut-il des nez qu’on serve sur sa table ?
« Il peut venir imer dans notre étable,
« Mais ne perdrai l’honneur de mon profil.
« C’était pitié pour les gentes laitières,
« Les pastoureaux et fraîches métayères.
« L’une disait : Oserai-je danser ?
« Et celle-là : Qui voudra me baiser ?
« Lors Mathurin, c’est le nom de mon maître ;
« Il n’est pas sot, ne son valet peut-être.
« Mathurin donc et s’approche, et dit : Quoi,
« Craignez-vous donc qu’un nez vous fasse faute ?
« En Monseigneur ce n’est ce que je voi;
« Cela lui donne une mine plus haute.
« Regardez-vous comme si peu d’honneur
« De ressembler en somme à Monseigneur ?