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« Il avançait de la sorte affublé,
« Et de lui-même étant émerveillé.
« Il batailla, de sa noble chronique
« Semant par-tout quelque feuillet gothique,
« Dont le vainqueur usait apparemment.
« À son plaisir, fort incivilement.
« Deux mois après, tremblant et fier il trote
« En ce pays, et sa visière haute
« Laisse entrevoir à nos yeux étonnés
« Sa face blême. et qui n’a plus de nez.
« Il aperçut le clocher du village.
« Il te sied bien, lui dit-il plein de rage,
« Il te sied bien de porter dans les cieux,
« Comme Arimbaud, ton front audacieux.
« Quels furent donc les héros tes aïeux ?
« Où sont, brigand, tes titres de noblesse ?
« Voici les miens. Lis, chétif, et confesse
« Que ton renom s’éclipse près de moi.
« En vain tu veux déguiser ton effroi,
« Et cette armure, et ces Guerriers sans titres,
« Que j’aperçois postés de toutes parts
« Sur ce portail et derrière ces vitres.
« Sont contre moi d’inutiles remparts.
« Le Gentilhomme, à ces mots, poind sa lance,
« Et sur l’église, impétueux, s’élance.
« Notre jument. les quatre fers en l’air,
« Contre le mur rebondit terrassée,
« Et Monseigneur, aussi prompt que l’éclair,
« Vit repousser sa fureur abusés.
« Sa vieille lance et son casque rouillé,
« En gringotant. sur la poudre roulèrent.
« Deux Pèlerins au château l’emportèrent,
« Froissé, tout fier, et de sang barbouillé.
« Il ordonna que l’on battit Madame ;
« Et le pourquoi ? c’est qu’elle était sa femme.
« Un Villageois la battit en effet,
« Mais non pourtant comme Arimbaud voulait :
« Bientôt après, il l’appelle, il la flatte,