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« Qu’il partagea le casque formidable,
« Et découvrit une fille adorable.
« C’est Élémie, ô surprise ! ô terreur !
« Le discourtois, enflammé de colère,
« D’un second coup l’étend sur la poussière.
« Iman accourt, tremblant, désespéré ;
« Il veut punir un rival exécrable,
« Le fer échappe à son bras égaré,
« Le sentiment d’un coup irréparable
« Éteint la rage en son cœur déchiré.
« Baigné de pleurs, il appelle Élémie ;
« Elle lui tend, pour la dernière fois,
« Un bras mourant, qui s’anime à sa voix.
« À cet aspect, transporté de furie,
« Le déloyal et jaloux Iramin
« Fond sur Iman, et lui perce le sein.
« Un cri d’horreur s’élève de l’arène ;
« Le meurtrier s’échappe par la plaine.
« J’étais alors au siège d’Érican ;
« J’apprends la mort d’Élémie et d’Iman.
« Anéanti, dans ma rage immobile,
« Mon cœur séché me refuse des pleurs.
« Ainsi des Dieux la vengeance tranquille,
« Lente à frapper, recueille ses fureurs.
« Bientôt après, j’abandonne le siège,
« Pour découvrir Iramin sacrilège.
« Mon désespoir inonde ses États
« De sang, de pleurs, de flamme, de soldats.
« Je le poursuis de contrée en contrée,
« Pour assouvir ma vengeance altérée,
« Et sur ses pas, après de vains efforts.
« Le sort jaloux m’a traîné sur ces bords ;
« Il a trouvé dans ces murs un asile.
« Vitikin fuit, Iramin est tranquille !
« Mes Députés ont péri sous mes yeux,
« Précipités de ces murs odieux,
« Et j’ai juré de punir Herminie
« De mon malheur et de sa perfidie. »