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« Ce nom si doux dans mes embrassemens,
« Est aujourd’hui le nom de ma misère),
« Iman, épris des charmes innocens
« De l’adorable et touchante Élémie,
« Qui me devait et le trône et la vie,
« Vint ajouter, hélas ! pour mon malheur,
« À ces présens le présent de son cœur.
« La renommée annonça dans l’Asie
« Qu’il épousait la Reine d’Ionie.
« Le vœu jaloux de maint Héros trompé,
« Qui d’Élémie adorait la beauté,
« Au même instant l’appela sur l’arène,
« Pour y vider une jalouse haine.
« Iramin, l’un de ses lâches rivaux,
« Le fit alors appeler en champ clos.
« Dans le moment où, d’une marche fière,
« Pour s’élancer, ils gagnaient la barrière,
« Il apparaît soudain un Chevalier ;
« Il accourait sur un poudreux coursier.
« Guerriers, dit-il, ma vertu vient combattre,
« Et pour l’amour, et pour le fils d’Érâtre,
« Et je prétends envers et contre tous,
« Que d’Élémie il doit être l’époux.
« Iman n’est plus le maître de sa vie ;
« Il doit ses jours au trône d’Ionie,
« Et l’amitié réclame en ma faveur
« L’antique loi de la chevalerie,
« Qui m’autorise à soutenir l’honneur.
« Iman, jaloux des larmes d’Élémie,
« Prix de la mort qui peut-être l’attend,
« Se défendit de cette courtoisie.
« Selon l’usage, il fallait cependant
« Qu’Iman cédât à cet empressement.
« Il répondit, en levant sa visière :
« Preux inconnu, si ton cœur généreux
« Force le mien à céder à tes vœux,
« Je jure au moins, et le Ciel et la terre,
« Mon Élémie, et son cœur agité,